Sylvian Cahuzac. Voyages de chasse à la bécasse… QU’EN EST-IL EXACTEMENT ?
Dans le discours des opposants aux voyages de chasse, on releve tres souvent l'allusion a des «massacres», des prélévements abusifs», des modes de captures illicites comme la passée, la croule ou des pratiques contestables telles que des battues, l'absence de quotas journaliers ou de sejours etc. Avant de reprendre point par point cet argumentaire souvent fallacieux, nous devons faire un etat de la situation franco- francaise de la chasse a la becasse.
En France, nous estimons les chasseurs de becasses specialistes, exclusifs ou la chassant prioritairement a environ 100000 pratiquants.
Si l’on у ajoute les occasionnels, ceux qui n'etant pas specialistes, de temps en temps, а l’occasion, tuent quelques oiseaux (tableau inferieur a 5 oiseaux par saison) l'estimation des pratiquants passe a plusieurs centaines de milliers (probablement cinq ou six cent mille).
La duree de la saison francaise est de
Les prélévements officiels font etat d'une fourchette s'etablissant entre un million deux cent mille (1200000) et un million quatre cent mille (1400000) oiseaux tues en France, par saison. II faut у ajouter les prelevements illicites, parfois considerables, que ce soit à la passee, à la croule, en battues privées lors des traques ou rabats de grands gibiers (le sempiternel gibier de poche), etc.
Les simples controles effectues par la garderie sont quasiment inexistants. De ce fait, le respect des regies etablies est considerablement contourne, bafoue. II n'est pas rare, en France de constater des tableaux individuels depassant les 100 oiseaux par saison, effectues en toute legalite... Et nous detenons le record mondial de prelevement de becasses par saison.
Les idees refues sur les massacres...
La question des supposes ou reels «massacres» evoques exige d'en avoir les preuves tangibles, incontestables. Meme si cela peut exister, ce n'est que tres rarement le cas. Bien souvent, il s'agit de temoignages indirects, soumis a caution... Le poids des images est communement trompeur. Ainsi, certains tableaux etoffes presentes dans certains magazines, sont a nuancer fortement. Dans bien des cas, il s'agit du tableau global d'une semaine de chasse, soit 6 jours effectifs, accompli par plusieurs chasseurs. Ramene a la journee et a I'individu, ce n'est plus tout a fait la meme chose. Ainsi, prenons l'exemple de 4 chasseurs qui auraient chasse 6 jours et preleve un quota autorise de 3 becasses par jour; cela donnera un total de 108 becasses qui, etalees pour une photo souvenir, a l’evidence, procure une fallacieuse image de pseudo «massacre».
Bien evidemment, il n'est nullement question de nier la realite de certaines exagerations qui doivent certainement exister, mais dans les memes proportions qu'en France, et selon nous, plutot moins que plus... Quand on est delinquent en France on le reste a l'etranger...
De fait, les plus importants «massacres» dont j ' a i pu avoir la preuve se sont produits non pas a l'etranger... mais en France, a l'occasion de passage massifs ou de grands froids.
Dans des conditions normales de chasse a l'etranger, au chien d'arret ou broussailleurs, devant soi, pendant 6 heures, meme si les densites sont tres importantes, il sera tres difficile d'accomplir ce qu'il est convenu d'appeler un «massacre», sauf cas rarissime.
Les supposes pratiques illicites et douteuses...
Se pose alors la question des pratiques interdites ou modes de chasse contestables. Encore une fois, ce probleme n'est pas plus crucial qu'en France et j'aurai tendance a affirmer qu'il est moins preoccupant a l'etranger que dans notre hexagone. II faut deja relativiser la question des
modes de chasse traditionnels pretendument nefastes et notamment la chasse a la croule au printemps qui reste le mode privilegie dans certains pays nordiques ou de Test, soutenu, defendu et argumente par d'eminents scientifiques. Songez que certains pays interdisent la chasse au chien d'arret (ayant a son encontre la meme consideration negative que celle que nous avons pour la croule), jugeant cette pratique trop meurtriere et non selective.
Notre propos n'est pas de promouvoir cette pratique. Plus precisement, pour nous, ce n'est pas la pratique en soi (acte en luimeme) qui est le point important, mais le raccourcissement de la
periode de chasse qui decoule de son interdiction, permettant ainsi l'epargne d'un certain nombre
d'oiseaux, aspect bien plus efficient sur le quantitatif des effectifs...
Alors, meme s'il doit probablement exister des pratiquants de la passee lors de voyages a l'etranger, ce n'est pas plus, ni moins frequent qu'en France... Les battues postees, avec rabatteurs
tapageurs et chiens traqueurs ne se rencontrent guere qu'en Irlande et de moins en moins. Mais
encore une fois, ce type de traque existe aussi en France. Pour conclure ce chapitre, on peut considerer que l’on accorde au caractere «etranger» une suspicion de principe totalement injustifiee. La meilleure preuve en est qu'il n'y a pas de chasses plus surveillees, plus accompagnees par des guides ou gardes competents et rigoureux qu'a I'etranger. Leur I'interet vital est la preservation d'un cheptel qui constitue la base essentielle de leurs subsides.
Incidences sur les populations...
Les conditions et modifications climatiques sur les lieux de nidification, la pression de chasse accrue, particulierement en France, ont probablement occasionne une baisse des effectifs.
Cette tendance semble se confirmer sur le court et moyen terme, suscitant une reaction interrogative spontanee et simpliste quant a l'incidence des prelevements effectues lors des voyages de chasse a I'etranger...
Nous aurions tendance a repondre egalement de fa?on simpliste qu'en est-il d'abord de l'incidence des prelevements francais sur l'effectif becassier global? En effet, on ne peut incriminer et se focaliser sur un prelevement et en absoudre un autre... n'oublions pas que nous sommes les champions du monde des prelevements de becasses! On nous fait remarquer qu'il serait contradictoire d'organiser ou de participer a des voyages de chasse a la becasse a I'etranger et de denoncer dans le meme temps la baisse des effectifs. Nous pensons au contraire que la priorite des mesures a prendre revient au pays ou les prelevements sont les plus forts, ce qui n'empeche pas de reclamer et d'instaurer des mesures et quotas dans les autres pays.
Au niveau des reglementations particulieres a certains programmes, c'est ce qui a ete fait et la ou n'existait aucune limite de capture, elle a ete imposee aux chasseurs - clients et fait en sorte
qu'elle soit strictement respectee. Mais encore une fois, nous pensons que la question des prelevements au cours des voyages est une menace tres utopique, extremement restreinte, anecdotique meme, dont la denonciation a tendance a vouloir masquer une realite francaise bien plus determinante pour l'espece.
Se focaliser sur les voyages, les designer comme de commodes boucs emissaires, permet de detourner l'attention de la realite hexagonale et des mesures qui seraient a prendre. Pour quelle raison done l'incidence des voyages sur les effectifs est selon nous derisoire?
D'abord, parce que la saison a I'etranger est souvent tres courte: environ 55 jours en Russie, pays Baltes et Scandinavie par exemple, au lieu de
Ensuite, les organisations ou camps de chasse sont en nombre limite, avec des capacites d'accueil egalement reduites. Si Ton fait le calcul theorique maximum des prelevements dus aux voyageurs en Russie durant une saison entiere on arrive a la fourchette approximative de
69 000 becasses tuees sur la base de 5 oiseaux preleves/chasseur/jour. On est tres loin des 1300000 prelevements moyens saisonniers francais.
Disons le tout net, il est bien plus a craindre a l'avenir, de voir les becassiers autochtones augmenter au prorata de leur niveau de vie; mais la aussi, nous ne pouvons rien faire contre cette
evolution legitime...
II faut cesser de raisonner comme si
chasse est la seule valable. Cet oiseau est une espece apatride, n'appartenant a personne et a tous... volatile dans tous les sens du terme! Des lors, on devra raisonner et reflechir de facon globale, universelle sur les moyens a mettre en place pour preserver «scolopax rusticola» sur I'ensemble de notre aire de repartition. Au niveau des pays, la tache paraTt insurmontable, tant les conceptions divergent. Meme au niveau des Etats membres de
Dans I'absolu comptable d'une espece comme «scolopax rusticola», un oiseau mort sous la
dent du renard, decapite par les pales d'une eolienne, foudroye par le coup de fusil d'un chasseur au chien d'arret, abattu au coin du bois a la croule est un oiseau de moins dans nos effectifs globaux... (N-1). Danstous les cas, seules des considerations globales peuvent etre prises en compte et s'averer benefiques pour II faut cesser de raisonner comme si
Mais rien n'empeche les organisateurs de chasse d'abaisser ces limites de captures par des reglements internes. Les voyagistes euxmemes peuvent le faire et I'inclure dans leurs programmes. La oil se pose veritablement le probleme d'exactions possibles c'est dans les cas de
voyages organises de facon non professionnelle, par les voyageurs eux-memes, en fraude la plupart du temps. Mais nous sommes la hors cadre commercial ou professionnel. Les associations pourraient interroger les professionnels du voyage sur les reglementations qu'ils appliquent ou envisagent d'appliquer en interne. La formation des guides, leur sensibilisation a l'espece, leur remuneration correcte sont autant de garanties du respect de I'oiseau et des regies. Dans certains pays ou programmes, le chasseur est accompagne en permanence par un guide ou garde attitre souvent assermente. Dans de nombreux cas, chaque oiseau preleve est non seulement repertorie mais taxe, souvent lourdement. C'est vers cette evolution realiste et universelle qu'il faut tendre... L'humain a toujours montre plus d'interet a preserver ce qu'il considere comme une «ressource», dans tous les sens du terme, que ce qu'il prend pour une simple source de plaisir ou loisir gratuit.
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